l'IA a été élevée aux jeux vidéo
Aussi difficile que ce soit à croire si vous ne jouez pas, vos meilleur·e·s prospects seront celles et ceux qui savent jouer aux jeux vidéo!
Cette notion vient d’un simple fait: la technologie fondatrice de l'IA moderne, l'apprentissage par renforcement, a été forgée au sein des moteurs de jeu. DeepMind n'a pas atteint la maîtrise stratégique en créant des algorithmes ou en remplissant des tableaux de données, mais en s'entraînant à jouer à des jeux rétro Atari.
De là apparaît un principe fondateur: le jeu vidéo est un cadre de référence en matière de résolution de problèmes complexes. Les entreprises les plus innovantes développent déjà des doubles numériques et des agents autonomes en utilisant des moteurs de jeux comme Unity3D ou Unreal Engine. Ce sont ces technologies qui permettent de simuler des réalités numériques de la plus haute fidélité.
La question se pose donc: si l'IA a pour langue maternelle le jeu vidéo et les simulations, pourquoi les équipes qui la pilotent ne sont-elles pas familières avec cet univers?
Le futur sera fondé sur des règles du jeu… vidéo.
l'illettrisme systémique dans un monde 3D
Je crois qu’il est temps de passer à la 3D.
L'environnement professionnel connaît une mutation: le travail délaisse progressivement les documents statiques, les rapports et les diagrammes au profit d'environnements 3D, dynamiques et spatiaux, issus des technologies du jeu (réalité augmentée à usage industriel, simulateurs professionnels).
Cette transition engendre une nouvelle exigence cognitive: votre capacité à jouer va déterminer votre capacité à travailler efficacement.
Interagir avec des systèmes complexes et en constante évolution devient déjà LA compétence fondamentale pour rester agile et adaptable. Sans cette aisance, les collaborateur·rice·s s'exposent à une forme d'illettrisme systémique, une difficulté à appréhender la nouvelle interface du monde professionnel.
Pour continuer à performer, il faudra développer votre aptitude à ingérer des systèmes complexes, à y réagir avec la plus grande rapidité, et à appréhender les “feedback loops” qui sont au cœur des mondes simulés.
Pensez-vous que vos équipes savent vraiment naviguer en 3D?
les 4 compétences de l'Humain antifragile
En discutant du concept “d'antifragilité”, je suis venu à la conclusion que le “gamer mindset” (l'état d'esprit de gamer) est la clé pour embrasser l'inconnu plutôt que de se laisser ensevelir par le changement.
Ce qu'il faut comprendre du concept d'antifragilité, c'est qu'un ensemble de compétences simples et observables forment une sorte de “logiciel humain” qui vous permettra de naviguer dans l'incertitude avec aisance.
Voici les 4 piliers à retenir:
L'intelligence d'adaptabilité: c'est la capacité à déconstruire et à reconstruire ses savoir-faire au rythme des évolutions technologiques, systémiques, et environnementales.
La gestion de la charge cognitive: autrement dit, pouvoir traiter des flux d'informations nombreux et simultanés (données techniques, représentations 3D, flux de communication) tout en gardant le cap sur l'objectif stratégique principal.
La pensée systémique: ou l'aptitude à analyser rapidement les règles et les interactions d'un nouveau processus pour pouvoir l'optimiser et en tirer profit.
La tolérance à la prise de risque: savoir utiliser l'échec comme une source d'apprentissage, une étape nécessaire dans un processus itératif. C'est accepter que le prix de l'échec est moins important que ce qu'il apporte.
Ignorer la valeur de ces compétences, c'est l'échec garanti.
croître face au désordre
La différence entre une organisation fragile et une organisation antifragile réside dans son approche du changement.
Le modèle traditionnel, en quête perpétuelle de stabilité, présente une rigidité structurelle qui le rend vulnérable aux chocs et aux disruptions.
À l'inverse, un modèle antifragile aborde l'incertitude comme une opportunité. Il est conçu pour se renforcer au contact des perturbations, en considérant les échecs non comme des revers, mais comme des données objectives permettant d'itérer et de s'améliorer.
C’est là qu’on retombe sur la notion de “gamer mindset” (l'état d'esprit de gamer): allez interroger celles et ceux qui jouent aux jeux vidéo, et vous découvrirez une mentalité où l’échec n’est jamais un obstacle, et où l’incertitude est une source d’excitation et de réussite.
Le monde évolue vers cette logique chaotique et imprévisible qui est familière aux natifs des mondes virtuels; il faut donc adapter nos systèmes de fonctionnement et adopter cet état d’esprit pour gagner. Laissons tomber la stabilité à tout prix, et cherchons à embrasser le chaos pour en ressortir vainqueurs. En d’autres termes, il est possible d’optimiser les conditions de la croissance face au désordre.